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Un Bal de saison
hiver 2023-2024
Les Barricades Mystérieuses
printemps 2023
Les Idées Heureuses
hiver 2022-2023
Le Doux et le Piquant
printemps 2022
Herbiers du déconfinement
Hiver 2021-2022
Herbiers avec sérigraphie
2021-2022
Herbiers du confinement
2020-2021
Mars 2020. Confiné en Gironde, j’étais privé de peinture, de crayons, de pinceaux. Mais la nature en pleine éclosion de printemps me fournit des outils de remplacement pour créer.
Des fleurs, des pétales, des tiges, des racines, des pistils, glanés au fil des promenades autorisées dans un rayon d’un kilomètre, ramassés sur les trottoirs, cueillis en plein champ ou chipés dans les jardins. À la manière d’un botaniste, leur conservation est devenue un étrange travail de mémoire. Pressées, séchées, étiquetées, les fleurs me permirent de classer les souvenirs d’une période nébuleuse, ouatée, endormie, durant laquelle les journées se ressemblèrent. À chaque cueillette est associée un lieu et le souvenir d’un événement : une dispute conjugale, le coup de téléphone de maman, l’achat de poules pondeuses, un contrôle de police ou tout simplement la situation sanitaire du monde.
Ces compositions florales pourraient avec le temps perdre l’éclat de leur couleur, la netteté de leur forme. Comme notre mémoire… sauf si l’on sait en prendre soin : pas de lumière directe ! Attention à l’humidité ! Placez-les idéalement dans une chambre ou un recoin de la maison où elles se rappelleront parfois à vous, depuis la pénombre. Tel un souvenir.
« Totocalcio »
ou « Des retouvailles fraternelles »
2021
Mon frère Ulysse est plutôt ligue des champions. Moi, interviews vintage de la Callas.
Dans la maison de vacances familiale, je croise les revues de foot qu’il laisse trainer et les utilise pour écraser les moustiques ou allumer les barbecues. Un jour, j’ai feuilleté un So foot avant de le brûler.
J’ai ressenti quelque chose de très familier. Comme une petite musique. Des visages tordus par la douleur. Des corps effondrés par le désespoir. Des empoignades de colère. Des regards de haines. Des poings rageurs. Des embrassades d’amour. Des pactes diaboliques. Des femmes objets. Des trahisons. Des rois du foot déchu. De l’argent.
Ces footballeurs me racontaient une tout autre histoire qu’un simple match de 3e ligue : j’étais dans un opéra belcantiste du début du XIXe. Plutôt Donizetti que Rossini. Je me suis senti si proche d’Ulysse.
Depuis, je me dessine dans les poses exactes des joueurs soigneusement sélectionnés dans les So foot, France Football, et autres L’Équipe week-end que mon frère me donne chaque semaine. Étranges positions, gestuelle détournée. Footballeur comédien. Comme des divas d’opéra, un jet de fleur accueille la performance de joueur de foot opératique.
- Messi traversant la pelouse, le doigt levé rappelle la position du Christ dans La Transfiguration par Bellini
- La Rupture des ligaments de Ronaldo, appelant à l’aide : ne serait-ce pas le bras tendu de Narcisse touchant son reflet dans l’eau ?
- Le Défaite de Mbappé en finale de Champions League m’évoque les cadavres du Radeau de la Méduse.
- L’épuisement de Djibril Cissé après des prolongations trop longues a sa source dans La Déposition de Pontorno : le personnage au premier plan, portant les jambes du Christ.
